Progrès dans la lutte contre le paludisme: des innovations qui façonnent la lutte contre une menace sanitaire mondiale
25 avril 2024
Author: Patricia Wamukota
Photo: Flickr.com

La Journée mondiale de lutte contre le paludisme, célébrée le 25 avril de chaque année, est une journée dédiée à la sensibilisation à l’un des problèmes de santé les plus importants au monde: le paludisme. Alors que nous célébrons la Journée mondiale contre le paludisme 2024, ayant pour thème « Accélérer la lutte contre le paludisme pour un monde plus équitable », il est essentiel de réfléchir aux progrès réalisés dans la lutte contre cette maladie et à l’effort collectif nécessaire pour l’éradiquer.

Le paludisme reste un problème majeur de santé publique, en particulier dans les régions tropicales et sous-tropicales. Le fardeau du paludisme s’étend au-delà de la santé et affecte les économies, l’éducation et le bien-être général. Selon le dernier rapport mondial de l’OMS sur le paludisme, il y a eu environ 249 millions de cas de paludisme dans le monde en 2022, dont environ 94% en Afrique. La même année, la région africaine a enregistré environ 680 000 décès dus au paludisme, dont 76% chez les enfants de moins de cinq ans. Des pays clés tels que le Nigéria, la République démocratique du Congo, le Niger et la République-Unie de Tanzanie ont représenté plus de la moitié de tous les décès dus au paludisme dans le monde en 2022. Ces statistiques mettent en évidence le fardeau persistant du paludisme, en particulier dans les pays africains, et soulignent la nécessité d’une action continue et des ressources pour lutter efficacement contre cette maladie dans la région.

Le rôle transformateur de l’innovation dans la lutte contre le paludisme

Au fil des années, des progrès considérables ont été réalisés dans la prévention et le traitement du paludisme. Des initiatives telles que la distribution de moustiquaires imprégnées d’insecticide, la pulvérisation intradomiciliaire à effet rémanent (PIR) et le développement de médicaments antipaludiques efficaces ont joué un rôle essentiel dans la réduction de l’incidence du paludisme à l’échelle mondiale. Par exemple, les taux mondiaux d’incidence et de mortalité du paludisme ont diminué de 36% et 60% respectivement entre 2000 et 2015. Cela est attribué à une augmentation des investissements dans les programmes de lutte contre le paludisme depuis l’an 2000.

La recherche et l’innovation ont conduit à la découverte de nouveaux outils et stratégies pour lutter plus efficacement contre la maladie. Diverses organisations, gouvernements et parties prenantes travaillent ensemble pour accélérer les efforts d’élimination du paludisme. La Stratégie technique mondiale de lutte contre le paludisme de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) vise à réduire les cas et les décès dus au paludisme de 90% d’ici 2030. Les efforts de collaboration tels que le partenariat Roll Back Malaria (RBM) et le programme de mise en œuvre d’un vaccin contre le paludisme (MVIP) jouent un rôle déterminant dans faire avancer les progrès vers l’objectif d’éradication du paludisme.

Dans la lutte en cours contre le paludisme, l’innovation continue de jouer un rôle central dans l’élaboration du paysage du contrôle et de la prévention des maladies. Les technologies émergentes ont révolutionné les efforts de lutte contre le paludisme, apportant de nouvelles solutions pour combattre la maladie dans son essence. Les tests de diagnostic rapide (TDR), par exemple, ont révolutionné le diagnostic du paludisme, permettant des résultats rapides et précis. Ces kits de test portables permettent aux professionnels de santé d’identifier rapidement les infections palustres, facilitant ainsi un traitement rapide et réduisant le fardeau de la maladie sur les systèmes de santé. Les moustiquaires insecticides longue durée (MID) offrent une protection durable contre les piqûres de moustiques tout en ciblant activement les populations de vecteurs, réduisant ainsi considérablement le risque de transmission du paludisme. Le PIR élimine les moustiques en appliquant des insecticides dans les habitations, perturbant ainsi les cycles de transmission.

Récemment, des progrès révolutionnaires ont été réalisés dans le domaine des vaccins contre le paludisme. Le premier vaccin contre le paludisme recommandé par l’OMS, RTS,S/AS01, a réduit les décès de la petite enfance de 13% au Ghana, au Kenya et au Malawi. En octobre 2023, l’OMS a recommandé un deuxième vaccin antipaludique sûr et efficace, R21/Matrix-M, afin de réduire davantage les cas de paludisme. Une autre technologie, le traitement radical à dose unique, s’attaque aux symptômes aigus et aux stades parasitaires dormants qui sont responsables des rechutes du paludisme, réduisant ainsi les risques de survenue de celles-ci. Les drones ont dépassé les méthodes de distribution conventionnelles, offrant un moyen rapide et efficace de disperser les larvicides dans les zones difficiles d’accès. En utilisant des drones équipés de mécanismes de pulvérisation spécialisés, les efforts larvicides ont été amplifiés, ciblant les sites de reproduction des moustiques avec précision et rapidité. Cette approche innovante améliore non seulement l’évolutivité des opérations de contrôle des larves, mais minimise également l’exposition humaine aux environnements dangereux, optimisant ainsi l’efficacité des campagnes d’éradication du paludisme.

Enfin, l’avènement de la technologie du forçage génétique pourrait ouvrir la voie à des avancées révolutionnaires dans la lutte contre le paludisme. Conçus pour modifier les populations de moustiques en introduisant des modifications génétiques, les moustiques forgés génétiquement possèdent le potentiel de perturber le cycle de transmission des parasites du paludisme. En incorporant des gènes qui entravent la capacité des moustiques à transmettre la maladie, cette approche innovante vise à supprimer les populations de vecteurs et, à terme, à réduire les taux de transmission du paludisme. La précision et la spécificité de la technologie du forçage génétique offrent des perspectives prometteuses pour des stratégies durables de lutte contre le paludisme.

Les travaux en cours de l’Institut africain pour les politiques de développement (AFIDEP), à travers sa Plateforme pour le dialogue et l’action sur les technologies de la santé en Afrique (Plateforme des technologies de la santé), soulignent la nécessité pour les Africains de conduire le programme de recherche sur ces technologies innovantes. Un programme de recherche conduit par l’Afrique permet aux perspectives et contextes uniques du continent d’être au centre de la recherche, facilitant ainsi l’application efficace de la recherche des laboratoires vers les expériences vécues des Africains. En outre, les voix et les préoccupations des communautés locales, en particulier lors des essais et des projets pilotes de technologies émergentes de santé, devraient être primordiales.

Conclusion

Alors que nous célébrons la Journée mondiale de lutte contre le paludisme 2024, réaffirmons notre engagement dans la lutte mondiale contre le paludisme. Grâce à des investissements soutenus, des partenariats collaboratifs et des initiatives communautaires, nous pouvons surmonter les défis posés par cette maladie. Ensemble, nous pouvons créer un monde dans lequel le paludisme ne constitue plus une menace et où chaque individu a la possibilité de mener une vie saine, libéré du fardeau du paludisme. Unissons-nous dans la solidarité pour écrire l’histoire du paludisme.

Patricia Wamukota est chef de projet de la Plateforme pour le dialogue et l’action sur les technologies de la santé en Afrique (Health Tech Platform) à l’Institut africain pour les politiques de développement (AFIDEP).

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